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Surgissant du Nadir

Sculpture monumental

Chateau Malromé, Gironde

   Les œuvres d’Angélique de Chabot donnent vie à un bestiaire étrange peuplé de chimères. Crustacés, bêtes à plumes et au pelage soyeux s’hybrident comme autant de monstres précieux, de totems, de talismans magiques. Il y est question d’une mystique animiste, d’une métaphysique immortelle, de la persistance du sacré et de la manière dont il s’incarne encore dans nos vies. Ses œuvres sont habitées par des esprits anciens, « des dieux à adorer ou à blasphémer ».

Dans la grande galerie du Château Malromé, un dragon déploie son corps immense, si grand qu’il paraît avoir grandi entre ces murs depuis des millénaires. Il a en tout cas été créé, au fil des mois et des voyages entre la vie et le travail de l’artiste, au cours desquels elle a collecté et assemblé des matériaux hétéroclites. Sur un squelette de branches calcinées, des huitres et crustacés, prélevés, péchés, dégustés, des plumes d’oiseaux rares, des peaux trouvées de bêtes diverses composent un corps arcimboldesque. Comme si ces animaux avaient offert leur toison pour que la bête voie le jour.

Il y a en effet dans ce grand reptile quelque chose d’une divinité très ancienne et universelle. Le dragon est commun à pratiquement toutes les mythologies, notamment orientales. Il incarne particulièrement bien l’idée du sacré, sa dimension indestructible, l’incroyable force motrice qu’il génère, l’équilibre qu’il tente de préserver entre bien et mal. Le dragon représente la sagesse, mais il inspire aussi la terreur. Il est une figure chtonienne qui re- surgit régulièrement des pro- fondeurs. « J’essaye d’insuffler tout cela dans une bête mystique qu’on viendrait adorer », nous dit l’artiste.

Il surgit du Nadir est à la fois une naissance, et également une renaissance, une résurgence, tant ce dragon draine dans son sillage un grand nombre d’histoires. Dans l’astronomie, le Nadir est l’inverse du zénith. Il faut passer par le centre de la Terre, traverser son noyau incandescent et les couches carbonifères, pour en contempler la lumière obscure. Descendre ainsi dans les tréfonds minéraux et océaniques, voire même très loin à l’intérieur de soi, pour remonter le temps. Le Nadir est, en quelque sorte, une manière de soleil noir.

Richard Leydier

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